L'impact juridique et financier indirect de la Covid 19 sur l'immobilier


Nombreuses sont les conséquences liées à la crise sanitaire que nous avons traversée et dont nous n’avons pas fini de subir les conséquences insidieuses à plus long terme.

 
L’inflation du prix de vente des habitations unifamiliales en périphérie des villes en est l’exemple le plus parlant. Nombreux sont ceux qui – au sortir d’un confinement difficile – se sont rués sur des maisons au vert avec jardin privatif. La demande étant telle, les prix pour le marché circonscrit des maisons quatre façades a explosé.
 
Cette hausse, qu’on aurait pu qualifier de bulle immobilière, ne s’est cependant pas tassée, de sorte que les prix usités restent plus que jamais onéreux. Les taux d’intérêts au plancher pour les crédits hypothécaires sont bien loin de contrebalancer cette augmentation.
 
Cette flambée immobilière ne se vérifie cependant pas pour tous les types de biens. Les gens désertent les villes et de plus en plus d’appartements se retrouvent maintenant en vente.
 
Ce phénomène ne se cantonne cependant pas au résidentiel, car si bon nombre de personnes ont souhaité améliorer leur qualité de vie privée, il en va de même des nouveaux concepts professionnels. Le télétravail, d’abord imposé, a fait des émules. Une nouvelle norme est créée, de sorte que rares sont ceux qui envisagent d’encore faire la navette tous les jours de la semaine pour se rendre au bureau. Le télétravail auquel il a été difficile de se contraindre est entré dans les nouvelles habitudes de collaborations et présente bien des avantages pour les tâches ne nécessitant pas de contact direct et constant avec des collègues ou des patients. Il en résulte que les espaces de bureaux sont de plus en plus souvent vides. Deux pelés et un tondu se partagent alors des espaces de travail de plusieurs centaines de mètres carrés. Les entreprises s’adaptent et n’achètent ou ne louent plus d’espaces aussi importants. Ce au profit de nouveaux modèles tels que des espaces de coworking ou des salons de réunions, renvoyant le bureau personnel au rayon des reliques. Il n’est d’ailleurs pas rare que les places de bureau physiques d’une entreprise soient actuellement inférieures à leur nombre d’employés.
 
Les centres-villes se retrouvent vidés de leurs habitants et de leurs travailleurs. Les visites des biens immobiliers ont été suspendues au plus fort de la crise. Les visites virtuelles ou les ventes en ligne (telles que les ventes publiques sur Biddit) n’ayant pu absorber ce retard, l’offre actuelle en est d’autant plus importante. Les lois de l’offre et de la demande se chargent du reste.
 
Les rendements locatifs ont également souffert de la crise. Les locataires précarisés ont augmenté, au point que certaines justices de paix en sont arrivées à laisser purement et simplement tomber des arriérés de loyers au motif d’un cas de force majeure. Celui-ci peut cependant être sérieusement remis en question lorsque l’on songe que le bailleur n’a pas cessé de mettre son bien à disposition et que le locataire ne peut prétendre être dans l’impossibilité de régler un loyer, vu que l’argent est une chose fongible qui ne peut périr. Un comble au niveau du rendement, les mesures d’expulsion ont été suspendues, entraînant de fait une trêve hivernale toute l’année.
 
D’un point de vue urbanistique enfin, il faut constater un changement complet de paradigme. Là où règne en maître l’idée de propriété privée dans notre système juridique en général et dans l’importance accordée à l’interdiction d’avoir des vues chez les voisins d’un point de vue urbanistique en particulier, force est de constater que la crise a eu raison de cette logique. Avant la Covid 19 il était impossible d’intégrer une terrasse en toiture ou des ouvertures avec des vues sur les propriétés mitoyennes dans une demande de permis de bâtir. Chacun chez soi et l’habitat demeurait fermé. Aujourd’hui, cela s’est inversé. Alors qu’avant la crise certaines demandes de permis avaient été recallées parce qu’elles prévoyaient des terrasses avec des vues, ces mêmes demandes se voient aujourd’hui refusées parce qu’elles ne prévoient plus de terrasses… Si les instances de recours entendent raison et pallient à cette nouvelle insécurité juridique, il n’en demeure pas moins que les nouveaux projets – introduits après l’apparition du coronavirus – doivent tenir compte de ces nouvelles politiques communales, selon lesquelles les gens doivent pouvoir prendre l’air tout en restant chez eux sans avoir à se mêler à d’autres personnes.
 
Gageons que ceci entraînera l’immobilier vers un habitat de qualité avec des espaces de vie (et de travail) plus importants. Les personnes en recherche d’habitats verts plus modestes se tourneront probablement davantage vers l’habitat léger (tel que des tiny house) dont les demandes d’autorisation ont été facilitées.